Teknival : Des morts dans des ferias, ça ne fait pas scandal

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Par Augustin Scalbert | Rue89 | 03/05/2009 | 19H50





Un homme est mort samedi matin en marge du teknival de Bouafles, dans l'Eure. Entre 25 000 et 30 000 autres personnes sont toujours vivantes, et quittaient peu à peu les lieux depuis la fin de la teuf, dimanche à midi.

Ce teknival « mortel » était aussi « sauvage » ou « interdit », selon les médias. Ses organisateurs n'ont pas respecté l'obligation, depuis un décret de 2006, de déclaration préalable à la préfecture pour tout rassemblement de plus de 500 personnes.

Après différentes rumeurs poussant plusieurs préfectures à prendre des arrêtés d'interdiction, les sound systems s'étaient finalement installés jeudi soir près des Andelys, dans une boucle de la Seine, en campagne normande. Pendant qu'environ 150 gendarmes et des équipes des Douanes assuraient la sécurité des lieux, les acteurs de la réduction des risques liés à l'usage de drogues (RDR) étaient aussi présents, pour le côté préventif.

Les organisateurs demandaient aux teufeurs de se « prendre en main »

La mission « raves » de Médecins du Monde, les associations Prev'en teuf, Keep Smiling et Techno + couvraient la majorité du site, avec une soixantaine de personnes au total. Ce chiffre n'inclut pas la Croix Rouge et les secours.

Le site des organisateurs, qui annonçait un teknival « quelque part en France », appelait tous les teufeurs -venus de France et de toute l'Europe- à « se prendre en main ». A part le décès d'un jeune Français de 26 ans, retrouvé étouffé par son vomi dans une voiture (son autopsie, mardi, déterminera si sa mort est dûe à l'absorption de drogues, d'alcool ou à une autre cause), le bilan est jugé « positif » par les acteurs de prévention.

Pendant trois jours, sur le site bucolique normand parsemé d'étangs, les milliers de fêtards ont fait la fête.




Côté policier, le site Street Reporters fait état d'une dizaine d'arrestations, de 300 personnes ayant forcé des barrages de police, d'hélicoptères sillonnant le ciel et de personnes arrêtées en état d'ivresse et placées en garde à vue.

Hélicoptères, arrestations et saisies de matériel sono

Selon des acteurs de prévention présents sur place, la police aurait procédé dimanche à des saisies de matériel de sono, répandant une certaine crainte parmi les possesseurs de sound systems, qui n'osaient plus quitter les lieux.

Cette mesure, la saisie, était prévue par le fameux amendement Mariani de 2001, dont les mesures ont été allégées depuis. L'illégalité de la fête de ce week-end s'explique par une certaine crispation des rapports entre les organisateurs et les autorités.

Les acteurs de prévention, eux, louent la bonne coordination avec les représentants de l'Etat présents sur place. « Nous nous sommes réunis deux fois par jour avec la préfecture », raconte d'une voix cassée par la fatigue Clémence Eveno, présidente de Techno +.

Ce qui ne l'empêche pas de regretter, sur le fond, le choix répressif opéré par les autorités :

« On constate un ras-le-bol dans le milieu des organisateurs de teknivals. Les démarches administratives très lourdes pour des gens qui ne sont pas des professionnels, l'importance de la répression, et notamment de saisies de sons, les poussent à organiser des soirées clandestines. Du coup, nous, les acteurs de la RDR, nous ne pouvons pas intervenir. »

Un rapport parlementaire toujours pas examiné par le Premier ministre

En 2007, le Premier ministre avait commandé un rapport au député PS de la Meuse Jean-Louis Dumont. Jugé « positif » par les associations de réduction des risques, le texte préconisait notamment de plus soutenir les acteurs de la prévention, de former les personnels de secours à la RDR, et d'utiliser les tests de dépistage salivaires de manière préventive, et pas seulement répressive. Bouclé depuis l'année dernière, le rapport n'a jamais été reçu par François Fillon.

Avec les beaux jours, les teknivals en plein air risquent de se multiplier. S'il y a encore des morts, les acteurs de la prévention craignent, une fois de plus, des titres alarmistes des médias. Ce qui est injuste, pour l'un d'eux :

« Quand il y a des morts dans des ferias, ça ne fait jamais de tels scandales. »







Quelques posts sur rue 89.





1- Combien de bennes de déchets en tout genre, solide et liquide, ramassés le lendemain du jour de l'an sur les Champs-Elysées ?
et de toute façon, même le plus grosse rave de France ne coutera jamais aussi cher à l'Etat qu'un match de foot om-psg au stade de France… quand aux riverains du Parc de Princes, heureusement que dans le 16ième ils ont les moyens de partir une journée à la campagne les jours de gros matchs… ; -)


2 - Super teknival, magnifique site. Le temps aurait pu être plus ensoleillé mais on va pas se plaindre.

C'est dommage que comme d'habitude les médias ne retirent que le négatif. C'est triste pour le jeune homme décédé mais c'est loin de résumer le wk.

25 000 personnes qui viennent faire la fête ensemble de toute l'europe, pas mal d'anglais, des italiens, des tchèques dans un esprit libre et sans récupération financière.

C'est clair que le site va nécessiter du nettoyage mais on voit quand même que beaucoup de monde a fait des efforts. Il y a de nombreux sacs poubelles à ramasser mais les ordures sont regroupés en tas.

Les gros rassemblements officiels type « tour de France » entrainent aussi ce problème des ordures…

Et pour les malheureux voisins qui se plaignent, 3 jours une fois dans votre vie çà va pas vous tuer…

En 2007, le Premier ministre avait commandé un rapport au député PS de la Meuse Jean-Louis Dumont. Jugé « positif » par les associations de réduction des risques, le texte préconisait notamment de plus soutenir les acteurs de la prévention, de former les personnels de secours à la RDR, et d'utiliser les tests de dépistage salivaires de manière préventive, et pas seulement répressive. Bouclé depuis l'année dernière, le rapport n'a jamais été reçu par François Fillon.

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